Cette fois nous partons de bonne heure vers l'Est et le cap Sideros, premier arrêt sur le site de la petite bourgade minoënne de Trypitos. Les vestiges, bien conservés, nous poussent à imaginer les habitants déambulants, il y a 5000 ans, dans les rues de l'antique cité. L'éruption volcanique du Santorin (-2500 av J-C) aurait détruit la plupart des cités de la côte nord, désorganisant l'état Minoën le livrant, ainsi, à la convoitise de ses voisins. Nous reprenons la route vers Toplou, haut lieu de l'histoire crètoise contemporaine; C'est un monastère forteresse qui joua un rôle important dans la libération de la région du joug ottoman. Plus pacifiques de nos jours les religieux ont été tout au long du XIXeme siècle des moines soldats. Plus loin, en longeant la mer, nous atteignons Vai et sa palmeraie. La plus grande d'Europe, il faut dire qu'ici nous sommes plus bas, en latitude, qu'Alger. Ce piège à touristes, ceinturé de kilomètres de fil de fer, forme une nasse aboutissant sans coup férir sur le parking payant. |
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Point de balade sous les palmiers: l'accès à la palmeraie est impossible. Direction le cap Sideros et ses trois criques accessibles. Nous grignotons le panier repas de l'hôtel sans grande appétence. La visite de la ville grecque d'Itanos, ou plutôt de ses ruines, est plus attrayante avec les restes de sa basilique du XIIeme, détruite par les turcs, dont les colonnes de marbres ont du être récupérées sur des édifices plus anciens. L'histoire nous donne le tournis et on commence à saturer: des minoëns aux doriens, puis aux hellènes en passant par les vénitiens et leurs forts, les turcs et leur occupation, la Crète est du nord au sud et d'est en ouest un gigantesque musée. L'après-midi on fait route vers Kato Zakros, jolie crique de pêcheurs, où on prend le temps d'une collation: belles assiettes de poulpe grillé, fromage de chèvre frais, pain grillé, purée de tomates aux herbes. Il est temps de rentrer la nuit ne va pas tarder et conduire de nuit dans la montagne crètoise relève soit de l'inconscience soit du suicide! |
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Le réveil sonne à 6h30, le but de notre périple le mérite: Knossos le palais minoën le plus célèbre. En route on admire le littoral au soleil levant. Sur cette voie rapide la fiat ne se sent plus de joie et frôle les 110km/h. Comme souvent pour les sites très en vue la désillusion nous attend à l'arrivée. C'est Minos-land! Les pop-corns sont déjà là et on annonce Thésée, Ariane, Dédale et le Minotaure gambadants en tenue disney-world dans les ruines en béton (merci Evans) pour les toutes prochaines années. Déçus on ne s'attarde pas et nous laissons les passagers des cars de l'Europe entière s'extasier: "C'est beau, on croirait qu'c'est neuf! " Bien vu Madame: les originaux sont au musée d'Héraklion. On reprend vite fait la route irrités de s'être fait piéger. Au sommet d'un mont une petite église toute blanche sur un ciel immensément bleu permet une halte apaisante. L'arrivée au col de Pinakiano est impressionnante: Les moulins éoliens plantés sur la crête semblent de gigantesques sentinelles, lances en avant, gardiennes du plateau. Le Lassithi est une cuvette enchassée de hautes montagnes qui résista longtemps à l'envahisseur turc et ne fut conquise que par la trahison de l'un des siens qui se suicida par la suite.La descente sur le Lassithi est un vrai bonheur, des centaines d'éoliennes animent le ciel de leurs voiles triangulaires et puisent l'eau du sous-sol pour alimenter une multitude de parcelles de vergers et de potagers. Au village de Tzermiado, Christine nous sert un repas gargantuesque: purée de gesse, ail confit, agneau aux herbes, chèvre rotie, yaourt artisanal avec du miel et des noix, et plein d'autres choses encore dont nous avons oublié et le nom et la composition. Aujourd'hui nous avons trainé et je ne pourrai échapper à ce que je voulais éviter: La route de nuit est bien ce que j'imaginais: pas de signalisation au sol, pas de panneaux, les virages s'enchainent les uns après les autres. Bien soulagé d'arriver à l'hôtel!
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Dernier jour avec cette petite Fiat qui nous a étonné par ses capacités insoupçonnables et son appétit d'oiseau. Nous continuons donc de sillonner les dernières pistes de Crète avant que les fonds structurels européens ne les aient envoyées dans les coulisses de l'histoire. Ce matin il fait un vent épouvantable qui nous vient de la mer libyenne et par conséquent qui pour être violent n'en est pas moins chaud. Nous allons trainer nos guêtres là où le temps nous a manqué les jours précédents: Direction plein sud, droit à travers la montagne, vers la mer libyenne. Comme d'hab aussitôt quitté l'asphalte, aussitôt perdus. Nous arrivons du coté de Mitato dans un endroit absolument désert, un brin de route nous interpelle et quelques kilomètres plus loin nous arrivons dans une base militaire désaffectée. Plus paumé ça n'existe pas, le vent est si violent que l'on peine à ouvrir les portières. Le panorama est superbe mais n'est admirable qu'enfermé dans l'habitacle du véhicule.
"je te dis que l'autre jour on est dejà passé par là! "
" mais non rappelles toi faut prendre à gauche du gros bulldozer jaune! c'est quand même pas compliqué: on le voit à des kilomètres" |
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Après un épisode tendu, un peu d'asphalte, beaucoup de rocailles et quelques maigres portions de bitume nous voici (ça, ça ne s'invente pas!) à Voila. C'est un ancien village vénitien dont les habitants ont eu le tort de se convertir à l'islam. On imagine assez bien le sort qui leur fut réservé lors du départ de l'occupant. Le village, lieu maudit, est en ruines et désert. Très jolies ruines mais atmosphère pesante. Nous partons vers Xerocambos quand même plus joyeux. La descente vers cette bourgade est hallucinante: C'est la plus grande concentration de virages en épingles que j'ai jamais vu. Sur la mer libyenne, où le vent souffle toujours aussi fort, des kite-surfers occupent la belle plage qui, en ce jour de grand vent, est infréquentable. Lors de notre descente nous avons repéré une crique abritée qui nous accueillera pour déjeuner. Le panier repas est identique aux trois jours précédents, c'est vraiment roboratif mais on a faim puis on se paie le luxe de faire trempette. Reprise de la voiture pour un arrêt dans des gorges pleines de grottes où le "nours" s'aventure à la recherche de cousins qu'il ne trouve point et, à défaut, effraie une grande chouette du même nom sans doute car toute blanche. |